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BANDCAMP

LE CHAPS

ALAIN KAN  ----  LES BERETTAS  ----  CHAOS  ----  CHAPS  ----  CLASSE X  ----  DECHARGE  ----  DEFENSE D'AFFICHER  ----  EJECT  ----  FLASH GORDON  ----  INSECTICIDE  ----  MARLONS  ----  MOKOS  ----  MOME RATH  ----  MOSQUITOS  ----  NEW GENTLEMEN  ----  PARFUM DE FEMME  ----  LES RATS  ----  SHAMES  ----  SINGLE TRACK  ----  SPOILER  ----  STAND BY  ----  ST JUST ET LES SAUVAGES  ----  STUKA  ---- SUSPECT DEVICES   ----  SYSTEME D  ----

J'ai contacté le CHAPS il y a au moins 4 années pour ce titre inédit « Eau de Javel » qui figurait sur son Soundcloud. Ce titre punkploitation méritait d'être sur une compilation Thésaurus. Egalement le « Batmann », Bruno Biedermann de Dangerhouse me contredira pas !, très bon titre à rééditer également, sorti à l'origine sur le label Tivoli en 1970. Mais rien à faire, le nom étant protégé dans le monde entier d'après Jean, il ne voulait pas. Bref, rendez-vous raté. Ayant un peu de temps en 2022, j'ai remis le couvert, mais cette fois-ci uniquement pour l'inédit. Ce fut bon cette fois-ci. Inutile de m'atteler à pondre un texte, l'homme est prolixe et a une mémoire d'éléphant. Bonne lecture

 

Le CHAPS : Son vrai nom c'est Jean Chaponet alors à l'école les copains l'ont appelé « CHAPS ». Dès l'âge de 13 ans il monte sur scène régulièrement dans plein d'orchestres plus éphémères et renouvelables les uns que les autres: à la batterie d'abord, à la basse ensuite puis à la guitare en fonction des besoins. Comme il y a toujours un micro qui traîne, il chante aussi, mais pas trop pour ne pas voler la vedette au leader autoproclamé et à sa sœur qui s'essaye au chant et au tambourin. En 1966, le groupe « Les CHAPS » est formé, le nom ayant été choisi par les autres membres. Comme il y avait Jean, Jean-Michel, Michel, Jean-Louis et Jean-Claude il a fallu tout de suite se trouver des surnoms, efficacité oblige. Ce sera donc Jésus CHAPS jusqu'en 1977. Le répertoire sera constitué de reprises choisies le plus tôt possible après la sortie en radio. A ce jeu là ils étaient tellement efficaces que lors d'un gala avec « les CHARLOTS » ils sont remontés sur scène après les vedettes pour interpréter les titres du dernier 45 tours. Les CHARLOTS n'avaient pas pu les utiliser parce que leurs musiciens de scène n'avaient pas eu le temps de les apprendre.

Le public lui aussi avait soif de ces nouveautés et marchait à fond. Les interprétations étaient de plus en plus proches des originaux. Ce répertoire très exigeant en a surpris plus d'un. Passer d'un style à un autre demande une dextérité à toute épreuve. Rock-n'-Folk a même écrit : 
« Santana, Doobie Brothers, Charlebois, Jacques Brel, Brassens, Beatles, Rolling Stones, Pink Floyd Vu de loin, comme ça, on peut tout craindre. Mais ces gars-là s'en sortent drôlement bien. » A vue de nez, cela fera 3000 heures de scène pour Jésus. Les autres membres ne sont restés en moyenne que 2 ou 3 ans. « Les CHAPS » ont sévi essentiellement dans l'Yonne et en Côte d'Or.
Pendant ces onze années, il a été tentant de composer et de tester les titres sur scène entre deux chefs d'œuvres. Ça passait bien alors il fut opportun d'enregistrer en autoproduction. Puis une escapade chez DECCA pour faire un cover de la musique du film « Candy ». Puis quelques accompagnements d'artistes maison, mais que du travail instrumental. Les styles différents des chansons proposées par le groupe ne correspondaient pas aux envies de la Maison de Disques à ce moment là.

Vers 1976, la musique changeait une fois de plus, le rock devenait ampoulé et à paillettes, la pop semblait s'enliser dans du « convenu », pas notre genre. Ça peut faire rire maintenant mais « les Beatles » étaient devenus (provisoirement) ringards. Le public délaissait les soirées dansantes avec orchestre. La préfecture imposait de s'arrêter à deux heures du matin alors que les discothèques pouvaient aller jusqu'à cinq ou six heures. En plus la canicule a définitivement stoppé les « matinées » (entre 15h et 19h) du dimanche et des jours fériés. Il devenait impossible de rester professionnels. Ce fut l'arrêt raisonnable en septembre 1977.

 

Photo au-dessus avec Dutronc en mai 68 :
Bon d'accord, je ne suis pas à mon avantage, mais mais mais, regardez bien la hauteur des talonnettes de Dutronc, son costume brillant avant de monter sur scène (alors que nous venions de quitter l'estrade en sueur et qu'un pull était salutaire). Sans oublier son maquillage : je ne pense pas que c'était du bronzage car c'était vraiment très foncé. Ils étaient obligés de faire ça à la télé tellement les projecteurs tapaient fort pour que les caméras perçoivent suffisamment les contrastes.

 

Photo ci-dessous en studio juillet 1970 : Enregistrement de "Batmann": pas trop rassurés, le preneur de son vient de me dire "ne vous inquiétez pas, je suis l'ingénieur du son de Sheila !"

Photo à Auxerre : ce qui est sûr c'est qu'après nous ce soir là il y a eu Georges Chelon puis Catherine Ribeiro et le groupe Alpes. Dernier concert au marché couvert d'Auxerre avant démolition et son transfert aux Etats Unis.

Photo avec les 7 membres : 1971, époque Decca, photo ©Georges Spitzer, avec de gauche à droite : Edmond, Glups, Morris, Jésus, Benjamin, et Doudou

Photo d'Alain "Averell" Groetzinger. Il intègre en 1975 le célèbre groupe ROCKETS qui a surtout cartonné en Italie...

Photo avec Johnny Hallyday :
Fain-lès-Moutiers... 24 juillet 1971, cette photo a été prise le dimanche précédent du côté de Clamecy. Johnny était arrivé en retard. Il revenait d'une tournée en Espagne. De plus sous le chapiteau , il y a eu une panne de courant. On avait choisi de jouer sur deux scènes différentes : comme cela, tout le monde était prêt. Il y avait " Ange " avant . En lisant des trucs différents je m'aperçois qu'il y a, en plus de CHAPS, trois orchestres qui de vantent d'avoir fait la première partie de Johnny ce jour là !

Photo de 1976 : le dernier groupe, j'avais coupé mes cheveux : grossière erreur ....Me rappelle de Philippe Cochet, en bas , au centre. Il est de Tonnerre L'inconnu en bas à droite, excellent bassiste c'est Claude Boucher Quel bonheur de voir cette photo avec mon oncle en plein milieu de la photo. Pour beaucoup c'était tas de sable ou Gégé. Et de son vrai nom Gerard Lemoine. Parti beaucoup trop tôt.

Photo avec Guem :
Avant qu'il ne devienne célèbre avec "le serpent" en 1978 et plus tard pour l'indicatif de l'émission "Ca se discute" présentée par Delarue : A noter son "tambour", moitié djembé, moitié darbouka, un truc qu'il avait bricolé à partir d'une caisse claire et de tôles martelées, et qui "sonnait".

Photo suivante : Synthétiseur AKS, mixage Musique Industry, écho/reverb Dynacord, Pitch-to-voltage-control, guitare Dan Armstrong, ampli Fender, bronzage intégral blanc été/hiver.  Ma Dan Armstrong transparente, elle sonne plutôt comme une Rickenbaker, mais ça dépend des cordes et des micros interchangeables, le manche est très fin mais elle est très lourde !

 

Mon Golf Drouot en 1973 !
Jean Chaponet

Ah les concours ! Il y en a de toutes sortes et dans tous les domaines. A croire que ça a existé préalablement à toute activité. Le pire c'est que l'espèce humaine n'est pas la seule à utiliser cette sorte d'attitude. Donc participer à un concours est une chose naturelle.
Mon expérience dans ce domaine se limitait aux jeux d'enfants. Je n'étais pas « mauvais joueur » mais je n'aimais pas perdre, et je n'étais pas le seul. Disons qu'il me fallait un temps un peu plus long que la moyenne avant que je me décide « à y retourner ». Souvent, la seule victoire possible consistait à laisser le gagnant tout seul avec sa gloire et à s'intéresser à autre chose. En résumé j'étais habitué : soit je perdrai à coup sûr, soit je n'acceptais de concourir que dans les genres où j'avais une grande chance de gagner. Là au moins, en cas d'échec, je pouvais juger ma performance et élaborer les astuces  et combines à mettre en œuvre pour la prochaine fois.
Est-ce l'exotisme ou l'air de la mer, j'ai voulu participer à un concours de chant en Bretagne. J'avais neuf ans, j'y étais en vacances et j'étais sûr de gagner alors que je ne savais rien des autres participants. Et j'ai gagné mais on m'a donné le deuxième prix. J'étais tellement vexé et en colère que je n'ai pas écouté les explications du jury. J'ai compris un peu plus tard que je ne pouvais pas recevoir le premier prix puisqu'il s'agissait d'une année de cours de piano, donc très loin de chez moi. Alors j'ai pleuré, pleuré, et mes parents n'ont pas réussi à me faire admettre que c'était mieux comme ça. Il faut quand même reconnaitre que, pour une fois, le lot réservé au gagnant n'était pas une absurdité. Vraiment pas de chance ce coup là !

J'ai recommencé quand même mais il m'a fallu quelques années, le temps que je réussisse au concours d'entrée en sixième, que le certificat d'études primaires ait été une formalité, tout comme le BEPC.
Fort de ce bilan, je m'inscris au concours à Saint-André le premier week-end d'août. J'avais eu le temps d'observer comment cela se passait les années précédentes. J'ai choisi le type de chanson que j'allais utiliser : un twist. J'ai eu un gros succès de la part du public mais j'ai encore écopé de la deuxième place. C'est une copine, Françoise, qui a gagné avec une chanson bien mielleuse pour ne pas effrayer les grands-mères. En plus elle était du quartier et moi j'étais du centre-ville. Là je ne me suis pas vexé car j'avais bien ressenti les chaleureuses acclamations du public.
Des copains arrivent à me convaincre de venir participer à « la coupe Age tendre et têtes de bois » avec eux. On répète, on décide nos parents de nous laisser aller à Clamecy et un copain nous emmène, bien tassés, dans sa « 203 ». Albert Raisner présentait les candidats qui devaient installer leur matériel pendant qu'un autre concurrent jouait. Le jury s'est réuni pendant que Michel Delpech débutant tenait le rôle de vedette de l'après midi.

C'est à ce moment là que je me suis rendu compte de la rusticité de la situation : il chantait comme nous, juché sur un tombereau calé avec des bottes de paille. Le résultat du concours devait être donné à la fin. Je comprendrai plus tard que c'était la bonne astuce puisque chaque groupe ayant amené sa famille et ses copains, ça faisait un nombreux public qui attendrait gentiment. C'est logique : quand le résultat est donné, cela fait plein de perdants qui s'en vont dépités et qui s'esquivent avec leurs supporters sans s'occuper du reste du spectacle. Arrive le résultat où nous avons encore perdu. En plus de la déception, je me souviens bien des applaudissements fournis et des cris du public pour saluer les vainqueurs, « les petits gars du coin » tel qu'Albert les surnommait.

Bien des années plus tard j'ai rencontré la même déconvenue à Avallon. J'y ai chanté « quand on n'a que l'amour » en m'accompagnant à la guitare. J'étais le dernier participant. En descendant de scène, l'un des membres du jury me dit : « y'a pas photo, c'est vous ! ». Le présentateur aboyait les publicités des sponsors comme s'il s'agissait des participants à un tournoi de boxe pendant que le jury délibérait. Puis il se mit à patauger lamentablement parce que le résultat n'arrivait toujours pas.

On appelle sur scène les trois premiers et je me retrouve deuxième une fois de plus. J'ai eu vite fait de comprendre ce qu'il venait de se passer. C'est un ami, Adelino qui a gagné. Pendant les délibérations, tous les portugais présents se sont rassemblés devant la scène en criant sans cesse Adelino, Adelino et les organisateurs ont eu peur que ça ne dégénère s'ils ne suivaient pas les indications de ce public spécifique très bruyant, au regard décidé. Alors pourquoi aller concourir au Golf-Drouot me direz-vous ? 

Il faut se remettre dans le contexte de l'époque. Rien qu'avec le groupe CHAPS que j'avais créé, j'étais déjà largement au dessus des trois mille heures de scène. On avait un répertoire très exigeant.  C'était facile de passer des auditions dans les maisons de disques et chez des éditeurs. On avait sorti un 45tours à compte d'auteur et deux autres pour des chanteurs locaux. On avait enregistré chez Decca un cover de la musique du film Candy, puis participé à d'autres sessions en tant qu'accompagnateurs des artistes de la maison. Nous étions appréciés en tant que musiciens très polyvalents mais ils avaient suffisamment de chanteurs dans leur catalogue.
On avait partagé la scène avec une flaupée de célébrités telles que Les Charlots, Sullivan, Martin Circus, Vigon, Florent Veilleux, Vince Taylor, Zoo, Triangle, Eddy Mitchell, Julien Clerc, Johnny Hallyday, Musical Collège, Labyrinthe, Les Dauphins, Jacques Dutronc, Variations, Georges Chelon, Catherine Ribeiro, Wallace Collection …
(la liste est bien plus longue mais je ne cite pas ceux qui ont été infects avec nous). Bref, nous étions « mûrs ».

Les tentatives de contact avec d'autres maisons de disque avaient été infructueuses et parfois humiliantes. Notre notoriété ne dépassait pas la région, surtout la Côte d'Or et l'Yonne, ce qui était déjà formidable.
On a tenté une évaluation du cadre général de la musique actuelle. La télé  d'abord : c'étaient toujours les mêmes qui y passaient. A la radio, c'était plus compliqué mais guère mieux. Il n'y avait que trois radios et elles étaient généralistes. Mise à part une plage de cinquante minutes vers dix sept heures, les émissions étaient surtout parlées et il n'y avait guère qu'une ou deux nouveautés à entendre par jour à condition d'écouter en continu. Comme les deux-tiers des chansons étaient en langue anglaise, les petits français francophones avaient forcément du mal à « percer ».

Il y avait aussi ces émissions où le public devait téléphoner pour que l'artiste obtienne le passage d'une chanson de plus à l'antenne. La triche consistait à mettre un maximum de copains derrière les téléphones pour assurer le résultat. Un coup, nous étions cinquante dans une salle avec autant de téléphones pour soutenir Les Charlots. Ça a marché. Ce lieu tout équipé se louait à cet effet et chaque producteur ou éditeur intéressé s'acquittait facilement de cette formalité.
J'ai su aussi que les PTT ne gardaient que la moitié du montant des communications, l'autre partie étant récupérée par le créateur de l'émission de radio à l'initiative de cette bonne idée.

Il semblait que les dés étaient moins pipés dans la presse et leurs revues spécialisées. On pouvait y lire et relire les quelques pages dignes de notre attente. Parmi elles, il y avait le compte rendu de la dernière session au Golf-Drouot. On s'apercevait que partout en France il y avait des petits gars comme nous qui espéraient mériter gloire et reconnaissance. Donc c'était possible à condition d'admettre que la simple citation de son nom dans une revue  soit le gage d'un énorme progrès. Il nous était impossible d'en douter puisque la plupart de nos idoles y étaient passées. Nous avons simplement oublié de vérifier s'ils avaient gagné ou non. En fait, personne ne le savait, une photo et « hop, j'y étais ! ». On n'a jamais su non plus de qui était constitué le jury.

Ce fameux Golf-Drouot qui d'ailleurs n'en n'était pas un tel qu'on en connait dans nos campagnes, était encensé par les journalistes de la musique qui ne se lassaient pas de décrire toutes les merveilles qu'ils y avaient vues et entendues. Donc, rien à voir avec les concours « pour faire du temps » dans les cirques ou ces « crochets » qui consistaient à se faire humilier en public par une cloche éliminatoire manipulée par on ne sait qui.
Après tout on risquait quoi ?
- y gagner en notoriété ?  
- se faire peur ? 
- risquer d'être ridicules ? 
- pouvoir se dire « on l'a fait »?  
- vantardise ? 
Je n'en sais vraiment rien, je ne me souviens plus de ce qui nous a poussés à y aller. Et puis de toute façon ce n'était pas un concours mais un tremplin avec tout ce que ce mot peut déclencher d'enthousiasme dans la tête des participants. Raisonnablement nous ne risquions pas grand-chose puisque c'était loin de notre cher public que l'on retrouverait dès le lendemain. On aimait bien cette ambiance agréable, dans les « petits bals » de notre région. Nos organisateurs se débrouillaient pour que l'accès à la scène soit pratique. Les salles et les chapiteaux y devenaient de plus en plus grands et de plus en plus confortables. Naïvement nous avons pensé qu'un endroit aussi prestigieux que le Golf-Drouot de Paris devait être encore plus formidable et accueillant.

Donc nous y sommes allés direct, sans repérage, sans appréhension. Tout le monde en disait du bien alors il n'y avait pas lieu de s'inquiéter. Arrivés dans Paris, cela a été tout de suite compliqué. Il a fallu vider le fourgon en plusieurs fois parce que la circulation y est constante. À Paris ils ne sont pas patients, doux pléonasme.  Donc, sortir un ampli, faire le tour du pâté de maisons et de ses sens interdits, décharger la batterie et ainsi de suite, pendant une bonne heure alors qu'il ne nous fallait que dix minutes normalement. Comme tous les groupes extérieurs à la capitale, nous n'avions pas de « copains » pour nous aider. Pour finir, j'ai dû garer le véhicule à « perpette ». On a monté les escaliers, un grand étage, avant de traverser un long bar puis gagner le fond de la salle où se trouvait la scène. Elle n'était pas immense, d'accès difficile. Il fallait attendre notre tour pour installer l'ensemble sur scène et « faire la balance ». Le matos devait être redescendu afin de laisser l'espace libre pour les autres groupes. Au dernier moment on devait tout remonter à toute vitesse avant de jouer. Puis tout entasser dans des coulisses minuscules.

Autant dire que nous étions « vidés » avant de commencer. Seuls ceux qui ont déjà manipulé un orgue Hammond et une cabine Leslie peuvent vraiment apprécier ce que je dis là. Trop préoccupé, je n'avais pas remarqué au moment de la préparation que juste devant la scène il y avait un très large pilier en béton, à trois mètres, en plein milieu, l'horreur. C'était petit, gris, bas de plafond. Une quinzaine de spectateurs s'était glissée entre le poteau et la scène, les autres restaient assis sur des estrades rustiques, genre tribunes de foot de l'époque, le long du mur de gauche. À droite les autres groupes attendaient leur tour d'un air moqueur ou agressif. L'essentiel du reste du public était au bar et ne voyait ni n'entendait rien.

Avant toute chose on nous avait prévenus que seuls les groupes avec un répertoire personnel pouvaient prétendre gagner le concours. On nous a même interdit de jouer « Johnny Be Good ». En bons garçons nous n'avons interprété que des titres de notre composition, totalement francophones.
- La Ronde
(réquisitoire contre l'oppression et les violences policières)
- Hey Liberté
(rock complexe avec un jeu de scène très efficace)
- Dis si tu m'aimes
(aérien avec un refrain jazzy)
- Ca n'sert à rien
(rythm & blues avec un texte idiot)
- Le piège
(pop-rock avec texte rapide mais sensuel)
- Ma lettre à Elise
(romantique avec accompagnement guitare classique, flûtes et clavecin)

Franchement, les autres groupes étaient bons mais surtout beaucoup plus fatigués que nous. C'est là que notre expérience des bals et l'endurance nécessaire pour perdurer nous ont vraiment servi. Et nous avons gagné.
Je me souviens vaguement que ça a été terrible aussi pour redescendre le matos parce qu'il a fallu attendre que le public soit parti. Et nous sommes rentrés usés, usés, mais nous l'avions fait. Donc nous étions qualifiés pour la finale quelques temps plus tard. Même galère, bien sûr et nous avons perdu.
Nous étions particulièrement furax parce que même si nous ne méritions pas de gagner, il est facile de comprendre que nous avions été floués. Tous les autres, comme nous, ont interprété leurs propres « compos », mais le groupe qui l'a emporté n'a joué que des « reprises ». D'ailleurs on n'en a plus entendu parler.
Bof ! C'est la vie ! Ça continue sûrement comme ça un peu partout !
Alors vive la légende du Golf-Drouot. Il n'est pas anormal de penser qu'au cours de toutes ces années, tous les musiciens qui ont participé à ce Tremplin ont d'abord été bluffés par les articles élogieux des journalistes spécialisés qui y avaient au moins leurs habitudes sexuelles et alcooliques, voir plus si affinités. Bien sûr nous n'étions pas payés et tous les frais étaient pour nous. Nous avons quand même eu droit à une boisson gratuite.
De retour dans notre contrée j'ai vite composé une petite chanson dans laquelle j'ai glissé le texte de La Fontaine « il jura, mais un peu tard, qu'on ne l'y prendrait plus ».
L'année suivante nous avons ajouté à notre répertoire le chef d'œuvre de Au Bonheur de Dames: « Des mégalos pour mes galas ! » dès la sortie du disque.D'ailleurs, ce groupe avait fait sa première apparition scénique précisément au Golf-Drouot.
C'est bien parisien tout ça !

 

CHAPS 1 : Pour Batmann en autoproduction il y avait à la batterie Edmond Mathieu, à la basse Michel Guinot, à l'orgue Jean-Louis Bethery, et guitares et chant Jean Chaponet. Tout le monde a fait les choeurs. J'ai été très mal quand, une fois les instruments enregistrés, l'ingé-son, fier de lui, m'a dit de ne pas m'inquiéter puisqu'il était le sonorisateur de Sheila. Là, on s'est senti aussi mal qu'au cours d'un enregistrement précédent dans un studio rue Pigalle avec l'ingé-son habillé en blouse grise...les boules !
ANDY et les CHAPS : J'ai fait la deuxième voix, joué la guitare, la flûte et pour Arizona Man j'avais bidouillé un stylophone en mettant de l'adhésif sur les notes non utiles (en 70 on n'avait pas de synthés). La basse c'est Michel Guinot, la batterie Edmond Mathieu, et l'orgue Gérard Delaunay.
Je ne me rappelle plus du tout du nom du fameux ANDY, il n'avait pas un nom bourguignon (ni picard d'ailleurs), c'était Aldo ou Roberto... Il a fait un autre disque après il est debout sur la pochette en bottes et barbe noire ...J'ai revu son nom plus tard sur une liste aux élections de la SACEM.
ROSES BLANCHES / PARLEZ-MOI D'AMOUR : Pour les Roses Blanches et Parlez-moi d'amour, c'était Michel Meunier à la batterie, un bassiste de chez phonogram et je crois que le guitariste était Pierre CHÉRÈZE, il  était très bon et inventif du premier coup. J'avais fait les orchestrations seul à la maison sur un quatre-pistes et je savais parfaitement donner les informations utiles pour que les musiciens n'aient pas d'hésitation. Ca a été très vite, au bout de deux heures les instruments étaient "dans la boîte". L'après midi j'ai placé ma voix (trois prises maxi de chaque) et comme j'ai senti que l'ingé-son était très heureux avec ce type de musique, j'ai pu laisser faire le mixage - fameux.

 

 

*Genèse* par Jean Chaponet

Eté 1977, un directeur artistique d'une major, en vadrouille dans l'Yonne, remarque un mec qui se prend pour Johnny, d'ailleurs tout le monde l'appelait « Johnny ». Il lui vient l'idée de faire un pastiche de Hallyday. Pour cela il fallait préparer le projet et trouver un groupe pour l'accompagner. Il consulte les publicités dans la presse locale et le samedi suivant il vient nous écouter.
Un rendez-vous est pris à Paris, j'y suis mais le mec « Johnny » s'est dégonflé. Le directeur artistique complètement dépité, lui qui avait eu « l'idée du siècle », cherche à ce que je ne sois pas venu pour rien. Il me propose un travail de mercenaire, il s'agit de faire des versions « punk » d'anciens tubes francophones. C'est un besoin qui traînait dans la major très en retard dans ce domaine.

Entre temps, je venais de cesser « Les CHAPS » et ça faisait un bon bout de temps que je ne m'étais pas lancé un défi : alors je dis oui. Il choisit « les Roses Blanches ». De retour dans l'Yonne, les deux heures de route m'avaient largement laissé le temps d'imaginer l'orchestration.
Sur mon quatre-pistes je place la batterie, la basse et la guitare puis la voix bien bien précise (punk ou pas, j'avais décidé que la mélodie et le texte devaient être respectés).
Dès le lendemain je remonte à Paris et présente le résultat sur cassette. Avant la fin de l'écoute du titre, le grand patron est appelé et au bout de trente secondes il dit « on signe ». Le soir même j'avais un contrat d'enregistrement et un second titre à orchestrer : « Parlez-moi d'amour ». Une semaine plus tard je suis en studio avec des gars que je ne connaissais pas. Au vu de mon expérience, j'ai eu vite fait de faire sonner le groupe comme je l'entendais. En milieu d'après-midi c'était mixé. Je dois remonter sur Paris deux jours plus tard pour une séance photo rustique, il fallait faire « punk » et le disque sort dans la foulée. Pendant 15 jours il passe plus en radio que « ça plane pour moi ».

Pendant ce temps le studio est à nouveau retenu pour deux titres de ma composition. Je choisis deux amis, Michel et Alain Meunier en sachant qu'ils pourraient me faire une rythmique à mon goût. J'avais écrit « l'accordéon c'est bon pour le Rock n'Roll » pour la face A et je suis monté en studio bien décidé à improviser la face B. J'avais néanmoins préparé un truc : un accord en open-tuning sur ma vieille guitare Epiphone-Casino. Je voulais un son spécial, sans effet et j'ai mis un bon moment pour trouver. De mémoire j'avais gardé les cordes Mi tel quel mais les autres cordes étaient baissées à l'excès, au moins une octave.

Le voyage sur Paris me donne deux heures pour trouver le titre et la mélodie adéquate. Pour le reste j'étais dans le vide intégral. Avec les frères Meunier on enregistre la face A. On passe à la face B. Je cherche avec eux une rythmique très serrée, très dure et j'improvise pour trouver la bonne suite d'accords. On met ça sur pistes et je m'isole une demi-heure pour pondre le texte. Comme je n'avais pas trouvé de mélodie je choisis la voix parlée et je me lance à fond, j'adore le one-shot. On a fait deux prises, et on a gardé la première. C'était pas la peine d'en faire plus, ça ne serait pas mieux, seulement différent. J'ai rajouté du métallophone pour faire des liaisons en lieu et place des gazouillis guitaristiques rajoutés comme c'était la mode dans le reste de la production discographique de l'époque.C'était dans la boite, le staff du label est venu écouter, sans prévenir, directement au studio, en fin de séance, et me félicite et se félicite. Dès le lendemain je reçois un coup de fil. Je dois changer un bout de texte sur la face A parce que « ils jouent toujours les mêmes airs qui faisaient mouiller nos grand-mères » n'est pas compatible avec l'aura de la major. J'ai beau dire que c'est « punk » ils ne cèdent pas. Je dois plier et je n'aime pas ça. Je n'étais pas dupe, je savais bien que pour les majors, un artiste c'est sitôt utilisé, sitôt usé. Je devais faire profil bas. J'ai décidé de patienter un peu.

Je n'ai pas attendu longtemps. Au téléphone on m'annonce que tout est fini. C'est à cause du premier disque qui est déjà dans le commerce. Ces hyper-professionnels de la major avaient oublié de demander l'autorisation aux auteurs et aux éditeurs. Ils avaient naïvement cru que c'était dans le domaine public. Comme le style se voulait « punk » il y a forcément eu un auteur qui n'était pas content. Pour éviter un procès la major a mis tout son personnel en action pour récupérer les disques qui étaient déjà dans le commerce et ceux qui avaient été offerts aux radios et aux journalistes spécialisés. Tout a été passé au pilon devant huissier (la plupart des animateurs radio ont conservé leur exemplaire en promettant de ne plus jamais le diffuser, ce que certains s'amuseront à faire néanmoins par la suite)

Voilà, ce fut intense et déjà fini. La chanson « Je m'choute à l'eau d'javel » n'a pas vécu plus que ça, Elle figure seulement sur un « disque souple » qui m'avait été remis à l'issue de la séance d'enregistrement. Sinon je n'en n'aurais plus qu'un vague souvenir.

 

Le Chaps de nos jours

 

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