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Bonjour , bienvenue chez CAMELEON RECORDS, le but étant de represser
des vinyles déjà édités mais introuvables ou trop onéreux. Punk, hard, garage, Cold, new-wave, folk, soul, seule l'écoute prédomine
dans le choix.

 

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103ème référence, GINO & THE SHARKS

 

 

Un post sur Facebook fin 2022. Gérard Mosiniak fait entendre un titre de son groupe ayant évolué en Angleterre à partir de 1978, GINO & THE SHARKS. En fouillant et lisant son profil, vu les photos et les commentaires, le Cameleon s'apperçoit que l'homme a une sacrée histoire à raconter !

Je suis né à Noeux les Mînes, une petite ville minière du Pas de Calais. Petit-fils d'émigrés polonais par mon père, j'ai passé ma jeunesse dans les corons. A neuf ans ma grand mère maternelle, excellente cuisinière, m'a transmis sa passion, et c'est à cette âge là que j'ai choisi de devenir cuisinier. Quelques années plus tard, à la fin des années 50, je me découvris une autre passion, le rock and roll, en écoutant un titre de Little Richard, « Rip it up », puis ce fut Elvis, Bill Haley, Buddy Holly, Gene Vincent, Eddie Cochran et beaucoup d'autres !
Au debut des années 60 ce fut le blues, la soul et le rock anglais en écoutant sur mon transistor Radio Caroline que l'on pouvait capter facilement, avec Paulo mon ami d'enfance depuis l'âge de 3 ans (il l'est toujours), puis les années suivantes, on a connu l'Eden Ranch à Loison-sous-Lens où le boss faisait venir chaque semaine des groupes anglais comme les Kinks, Pretty Things, Hendrix (mars 1967), Jimmy James & the Vagabonds (avril 1968), Moody Blues, Deep Purple, Taste etc. Beaucoup de groupes français y ont joué comme les Peetles, Vigon, les Stew avec Gilles Pellegrini et pas mal de groupes belges.
Je ne jouais et ne joue toujours pas d'instrument de musique, mais c'est à cette époque que je me dis qu'un jour je serai chanteur de rock et si possible en Angleterre, car je n'accrochais pas du tout avec les groupes français style yéyé. Tout en faisant mon apprentissage de cuisinier dans un restaurant étoilé, je rêvais de musique.

En 1967, j'ai fait mon service militaire de seize mois, Je voulais me faire réformer mais je m'y suis tellement bien pris que je me suis retrouvé dans un régiment semi-disciplinaire en Allemagne !. Pendant ce temps, mes parents ont deménagé à Roquebrune-Cap-Martin près de Monaco. En 1968, à la fin de mon service militaire je pars les rejoindre. Je fais quelques saisons d'été à Juan-les-Pins et l'hiver à la montagne, puis début 1971, je me marie avec Colette.

 

 

En rentrant de la saison d'hiver chez mes parents en mars 1971, ma mère appris d'une amie gouvernante que la villa Nellcôte de Villefranche-sur-Mer était louée à Anita Pallenberg et Keith Richards qui fuyaient le fisc anglais comme les autres membres du groupe. Ils cherchaient un cuisinier. Cela m'intéressait, je suis fan des Stones depuis leur tout début. On me donne un rendez-vous. Et le lendemain je me retrouve devant les grilles imposantes de la villa, traversais le parc et c'est Anita qui vint à ma rencontre. Je fus très impressionné devant cette superbe jeune femme trés souriante. Elle me mis de suite à l'aise et elle me demanda où j'avais acheté mon 'patte d'eph' et mon sari. J'avais le look hippie à l'époque et les cheveux qui allaient avec ! Dans un francais impeccable elle me dit « allons voir Keith ». Je la suit dans la villa et on arrive dans un immense salon. Les cartons sont encore pleins et les quelques meubles étaient recouverts de tissus indien. La chaîne stéréo jouait un titre de Merle Haggard à fond (je ne connaissait pas, je l'appris plus tard). Adossé au mur, assis sur d'énormes coussins se tient Keith avec une guitare acoustique. Il me sourit et m'invite à venir s'assoir près de lui. Je remarquais la balle qu'il portait en boucle d'oreille. Mon anglais et son français étant très approximatifs, c'est Anita qui fait la traduction. Keith aussi me complimente sur ma tenue. Mon père n'était pas du même avis quand je quittai son logement un peu plus tôt !
Nous discutons et après quelques minutes il me demande si j'aimerai le job. Je répond yes ! Et ils me disent OK, à demain matin.
Je ne savais pas encore que cette conversation de quelques minutes allait changer le cours de ma vie.

Le lendemain matin avec Colette mon épouse, nous emménageons dans la petite maison située à gauche de la grille du parc. Il y a deux appartements : un pour nous et l'autre est occupé par Big John le chauffeur garde du corps. C'est Anita et Keith qui nous accompagnent, et là Keith me dis de venir avec lui. Il fouille dans les nombreux cartons et me donne une belle chaîne hi-fi complète, et aussi une effigie de Mick Jagger en carton qui le represente en short avec la pochette de Sticky fingers, plus quelques grands posters, des coussins, et quelques disques. « Pour décorer, me dit-il » .
Nous voilà donc bien installés. Les mois d'avril et mai sont assez tranquilles, juste Anita, Keith, leur fils Marlon et sa nounou, le chauffeur, mon épouse et moi. Avec de temps en temps des amis de passage comme Joe Cocker Yoko et John pour la présentation de leur film « Apotheosis » au festival de Cannes. Ils nous invitent tous et nous partons avec la Bentley Blue Lena de Keith. John et Yoko furent très sympathiques avec nous, et Yoko vint même m'apprendre une recette, des spaces cakes que John adorait.

 

 

La semaine d'après nous sommes tous invités par Tom Jones et son épouse pour suivre le grand prix de formule 1 à Monaco depuis le balcon de leur suite à l'hôtel de Paris. Anita se fit remarquer en marchant près de la piste une bouteille de Dom Perignon à la main. La sécurité était beaucoup moins exigeante à l'époque ! Mick et Bianca se marient en mai à Saint Tropez et nous rendent visite. Il y avait aussi Prince Stash (ex-batteur des Playboys de Vince Taylor, prince polonais et fils de Balthus, entre autres), Tommy Weber avec ses deux enfants Jack et Charley (nd qui lui servaient de mules pour passer la drogue), Gram Parsons, puis bien sûr Dominique Tarlé à qui l'on doit les magnifiques photos de la villa et de ses occupants. En somme, la vie d'une fraterie anglaise très aisée.
En juin tout changea car Keith et Mick décidèrent d'enregistrer « Exile on Main Street » à Nellcôte. Les sous-sols furent transformés en studio d'enregistrement.
Puis arrivent le Stones Mobile Studio avec les frères Andy et Glyn Johns, les deux Mick, Bill, Charlie, Stu  qui louèrent des villas aux alentours puis Bobby Keys, Jim Price, Nicky Hopkins et tant d'autres.
Eux, plus les amis, çela fait beaucoup de monde à nourrir. Je demande de l'aide à Anita qui m'amène Gros Jacques pour la plonge et m'aider à la cuisine. C'ést un gentil garçon qui n'est pas cuisinier mais qui apprend vite et puis il avait un autre talent que Keith et les autres appreciaient...  Arrive aussi Spanish Tony le photographe. Un été bien rempli fait de musique et de fêtes.
De mon côté, je voulais faire une pause et faire de la musique, du moins un travail qui soit en rapport.
Jo Bergman qui s'occupait des Stones, avait bossé aussi avec les Beatles, Marianne Faithfull et quelques autres célébrités du rock. elle était amie avec le boss d'un des clubs les plus hype de Cannes de l'époque, le Playgirl. Elle me proposa de prendre le poste de DJ. Je n'avais jamais fait ce métier, mais le mot Stones ouvrait des portes.

J'y suis allé au culot et j'ai appris sur le tas. On se retrouve donc à Cannes pour six mois, après ça ce fut le club Tiffany's à Palma de Majorque aux Baléares. Début 73 je me sépare de Colette et je part vivre à Londres avec Carol ma nouvelle copine, avec toujours le même objectif : Devenir chanteur dans un groupe de rock.

Je cherche un travail et me retrouve à vendre des souvenirs dans un magasin de Carnaby Street avec un autre gars, un canadien qui était musicien (batteur) et qui cherchait un groupe plutotô heavy metal.
Après 3 mois de tentatives, il décide de repartir au Canada et bien lui en a pris, car il devint le batteur du groupe Rush. C'était Neal Peart. Les propriétaires du magasin Pat et Carol Riley, un néo zélandais et une américaine, avaient pour ambition de créer une boutique de bijoux en argent et de les fabriquer eux-mêmes. Il demandèrent conseil à Jerry (The Ring) un as de l'orfèvrerie, un ami de Jimmy Page.
Jerry enseigne à Pat les rudiments du métier et mettent sur pied une équipe. Quand Pat et Carol furent prêts, ils ouvrent The Great Frog qui devient bientôt le magasin favori des rock stars grâce à leurs créations comme la Skull ring, la Eye Ring et le Eagle bracelet etc . Ils me nommèrent general manager de la boutique et des autres endroits de vente qu'ils possédaient sur Carnaby Street. Certains soirs, je faisais le DJ dans une boite de Soho, le Beat Route (ouvert en 1981 !) tenu par les oncles de Georges Michael.
Au Great frog je rencontrai pleins de musiciens anglais dont Lemmy de Motörhead qui me donna quelques conseils pour mon groupe. Je trouvai un guitariste et on commençe à répéter dans le sous-sol du Great Frog.
Cela ne dura pas longtemps avec ce guitariste et en 1975 je rencontre Dave Mackay un guitariste anglais avec qui je m'entends à merveille . Tous les deux, on compose un répertoire, lui la musique et moi les paroles. Je ne joue pas d'instrument mais je suis bon pour les arrangements et mon anglais s'est beaucoup amélioré.
Dave connaissait beaucoup de musiciens. Il s'est un temps occupé des guitares de Jimmy Page et a joué avec pas mal de groupes en studio et sur scène.

 

 

 

 

On répéte dans un studio à Chalk Farm où sont passés aussi Clash, Generation X et d'autres à leur tout début. On change de batteur. Pedro Ortiz arrive, un mexicain/anglais qui sort du Billy Karloff Band (1 LP et un single en janvier 1978, puis après l'aventure Gino and the sharks, Richard Strange, Johnny Thunders et Patti Palladin, Shriekback… Ainsi que les percussions sur la reprise de « Dancing in the streets » par Bowie et Jagger et au Live Aid ! égalemens en 1985 derrière Bowie. Un nouveau bassiste Greg Mc Cullought arrive. Nous sommes prêts. Je choisis le nom Gino and The sharks.

 


Le boss de Ear studio à Frestonia où nous répétions aussi (on y retrouvais souvent Motorhead et Joy Division autour du billard pendant la pause) nous trouva une résidence au Trafalgar à Shepperd Bush, puis suivirent le Moonlight, Crawdaddy, Rock garden, Hope and Anchor Dingwalls, Music Machine, Acklam Hall,Vortex ,100 Club, Nashville Rooms… Deux fois au Marquee Club dont une en support du groupe Metro de Peter Godwin et Duncan browne. Peter est un de mes meilleurs amis, un compositeur dont David Bowie a enregistré un de ses titres « Criminal World », et a travaillé  pour Stevie Winwood etc. Peter m'a aussi fait connaître le Blitz  à Covent Garden, au début des années 80 où on y rencontre tous les musiciens de la new wave anglaise, qui n'est pas trop ma tasse de thé.
j'ai beaucoup fréquenté le Speakeasy où j'y ai vu quelques jam d'anthologies avec les Dolls, Johnny Thunders et Henri Paul Tortosa,
ainsi que pas mal de musiciens qui trainaient à Londres comme Bruno Blum et Christophe Rühn des Private Vices, Henri Padovani...
En 1978, on tourne beaucoup et j'arrête de bosser au Great Frog pour me consacrer uniquement au groupe. On enregistre live au Moonlight en prévision d'un disque.

 

 

On doit signer avec Stiff Records mais notre manager Uni réussit à s'embrouiller avec eux et d'autres labels, et tout capote.
Cela me contrarie beaucoup, et en mai 1980 je décide d'arrêter et de recommencer avec ma première passion, la cuisine, en devenant chef associé du restaurant La Grenouille avec un francais et Andy Mackay de Roxy Music qui est toujours un très bon ami.

En 1986, Luby, moi et nos 3 garcons rentront en France et je reprend le restaurant du Château des Arômes à Vence.
En 1992 je rejoins le groupe Sofitel Luxury où je devient chef exécutif et je commençe un périple de vingt années autour du monde.


En 2012 on s'installe à Sarlat dans le Perigord où j'ai continué quelques années en tant que consultant culinaire. Durant toutes ses années je continue à faire de la musique notamment à Seoul où je fis plusieurs concerts avec le Lance Reegan-Diehl Band (L.R.D. Band) dont le leader guitariste canadien est connu pour être l'un des meilleurs de la Corée du Sud. En 2011 je participe au Korea Rock festival avec LRD Band et enregistre un titre avec le groupe de hard-rock coréen HarryBigButton et son très talentueux et charismatique leader Lee Sung Soo.
Maintenant demeurant en Dordogne, j'ai joué jusqu'au début de 2022 avec Gino and the Blues Beggars.

Gérard  Mosiniak, le 27 novembre 2022.

 

Verso

    


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