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LE CRATÈRE
Groupe du Finistère
Rencontre en juillet 2015
Quarante-sept ans qu'ils ne s'étaient pas vus ! « Oui, vous avez changé, enfin, j'ai trouvé au début, mais non, finalement vous êtes toujours pareils ! » Avec son inimitable accent de Birmingham, Paul Slater commente les retrouvailles au bar Le Baradoze, à Loctudy, et fait briller mille étincelles de souvenirs dans les yeux des anciens de Cratère : le bassiste Paul Chamard, le chanteur Yves Gobin et le manager Roland Philippe. Le guitariste Norbert Gobin et le batteur Jean-Pierre Le Roy complétaient le groupe. Le Britannique a renoué le contact grâce à Copains d'avant, sur Internet.
En 1968-1969, ils louaient une maison à Bénodet, au Letty, qu'ils devaient libérer l'été, quand les touristes arrivaient. Tout de suite, ils pouffent en se souvenant du chauffage. Roland Philippe vendait alors aux Parisiens des armoires à sécher le linge. « Roland nous avait installé une armoire à sécher le linge, et on y allait à tour de rôle pour se réchauffer ! raconte Yves Gobin. Moi, je suis petit, ça va, mais le grand Paul devait se plier ! » Éclats de rire partagés par les clients du Baradoze. Pour les déplacements, c'était Simca 1000, ID 19 et Combi Volkswagen. « Et ma 4L, pour pousser sur le fourgon qui ne démarrait pas », renchérit l'épouse d'Yves Gobin, fan de la première heure.
Tout en anglais !
Paul Slater se souvient de son arrivée dans le groupe : « Tout était en anglais ! Ça m'a fait un choc. Comment ils arrivaient à chanter, à bien chanter, alors qu'ils ne parlaient pas anglais. Moi, je ne peux pas chanter ce que je ne comprends pas. » Yves Gobin confie qu'il comprenait un peu les paroles... Paul Chamard nuance : « Dans le rock, le chant c'est un instrument. Ce n'est pas comme la chanson française... »
Le groupe avait un planning d'enfer. « On était le premier groupe à faire du rock dans les salles de bal. » L'astuce ? Les salles réclamaient un groupe avec accordéoniste. Qu'à cela ne tienne... « On avait trouvé un accordéoniste qui jouait trois morceaux. Notre recette : trois rocks, trois slows. Si le slow marchait bien, on le faisait durer six minutes ! On en a assemblé des couples ! » Le Cratère avait son propre service de sécurité puisqu'à l'époque ça dansait, mais ça castagnait aussi dans les bals, Bigoudens contre Quimpérois, Douarnenistes contre Bigoudens, etc. « On jouait partout en Bretagne, en Vendée. On a gagné le tremplin du Golf Drouot. Et on a joué pour le gala des étudiants d'HEC à Chantilly. Le président était Dominique Strauss-Kahn ! »
Après le Golf Drouot, Le Cratère avait obtenu un contrat pour le club Med, mais il y eut un os dans le pâté. « Les musiciens devaient aller en Turquie et moi en Grèce, explique l'ancien manager, toujours aussi volubile. On s'est réuni en conclave et, à la majorité absolue, on a refusé le contrat. » Fin du groupe. Entre-temps, Paul Slater avait dû rentrer en Angleterre, appelé par une jeune fille... Il est devenu prof de musique et continue de composer.
La fin de l'aventure
Paul Chamard a continué sur la route quelques années, puis a fait tourner les musiciens dans son café-concert quimpérois. Il vient de retrouver sa basse avec Jean Nin et les Old Born. De son côté, Yves Gobin a tourné quelque temps. « Après, j'ai fait de la musique alimentaire pour offrir un manteau de fourrure et des diamants à ma femme. Et puis je me suis rangé parce que je voulais m'occuper de mon fils. » Silence admiratif. « Mais je n'ai pas dit mon dernier mot ! » Clins d'oeil complices entre les amis retrouvés.
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