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Bonjour , bienvenue chez CAMELEON RECORDS, le but étant de represser
des vinyles déjà édités mais introuvables ou trop onéreux. Punk, hard, garage, Cold, new-wave, folk, soul, seule l'écoute prédomine
dans le choix.

Hello, welcome to Cameleon Records, whose goal is to reissue previously published LPs , but not found or too expensive. Punk, hard, garage, new wave, soul, folk .... just listen dominant in the choice.

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88ème et 89ème référence, les YSS BOYS

 

Avant de raconter l’aventure des Yss Boys, un petit cours d’histoire s’impose .
Le Congo devient indépendant de la couronne belge le 30 juin 1960 sous le nom de « République du Congo » qui devient « Démocratique » en 1966, souvent appelé Congo-Kinshasa pour le différencier du Congo-Brazzaville, anciennement colonie française, devenu indépendant le 15 août 1960. En octobre 1971, la République Démocratique du Congo (RDC) devient la République du Zaïre (jusqu’en 1997) pour redevenir RDC jusqu’à aujourd’hui.
Le Congo traverse les années 1950 et 1960, véritable fuite en avant rythmée par les machines à danser d’orchestres comme l’African Jazz et son concurrent direct, l’OK Jazz de Franco. Vox Africa, les As, Kim Bantous, Diamant Bleu, Beguen Band, Orchestre Cobantou et quantité d’autres orchestres enregistrent et font danser les deux rives du fleuve Congo. En termes de danse pure, personne ne peut lutter sur le continent africain avec les orchestres congolais. Puis la production anglo-saxonne atteint les grandes villes, les disques sont importés régulièrement en assez grand nombre pour que les amateurs trouvent leur compte et fassent des reprises à leur sauce, en intégrant plus ou moins selon les groupes leur culture musicale traditionnelle. Pour la production vinylique au Congo, dès la fin des années 40, des labels se créent (et se transforment au fil des ans), comme Ngoma, Opika, Loningisa et Esengo tenus par des grecs, Olympia, CEFA par les belges, Gallotone qui est sud-africaine ... A la base, certains de ces labels étaient des magasins où on vendait de tout, des vêtements, des tissus et des vélos.


Jean-Claude Davier (Talangai dit Claudy ou Claudysse) et Boniface Tshimanga (dit Bony ou Delvysse) se connaissent avec Hubert Thienza (dit Huberty ou Ulysse), qui est plus jeune qu’eux. Ils se rencontrent tous les trois sont au lycée Athénée Royal de Kalina (aujourd’hui Gombe) juste après l'indépendance. Cette école francophone fut créée par le roi des Belges, Albert 1er, permettant de faire cohabiter les enfants blancs avec les enfants noirs de la même classe sociale qu’eux. C’est dans cet esprit que l’orchestre des Iss Boys nait, adoptant le Y à la place du I plus tard quand les trois surnoms finissent tous par la lettre grecque. Claudy et Bony, grâce à leur connaissance d’amis de la famille, se procurent des guitares acoustiques, et répètent chez eux. Un déclic se fait un jour de 1963 où ils écoutent sur scène le groupe malgache les CCC Guitares (un son Shadows chaloupé...) qui sont en tournée africaine. Le manager français qui s’occupe de ce groupe a eu l’idée de les faire tourner en voyageant avec deux 4L Renault, de Madagascar à Paris ! Ce groupe a sorti un EP dans leur pays avant de changer de nom et publier plusieurs disques en France chez CBS dès 1965 sous le nom des SAFARI. Les Iss Boys pour avoir une idée de ce qu'une amplification pouvait donner, allait dans les boîtes où il y avait des instruments électriques et les musiciens les laissaient jouer. La plus célèbre fût le "Oui Fifi", au centre de la ville. Les CCC les ont inspiré dans le sens de jouer en spectacle et faire des soirées dansantes.
Bref, le son rock électrique dynamise les futurs membres des Yss Boys (sans oublier les autres groupes comme les Mustangs ou bien les Black Devils). Ils vont eux aussi faire des bals et se mettre en scène pour donner du spectacle, parcourant parfois le pays avec une Renault 4L prêtée par un ami français, François Girault, qui photographie souvent le groupe . Leurs instruments sont achetés au Danemark via le père de Jørgen Raft, le premier batteur. La batterie et la guitare électrique passent par la voie diplomatique, sans payer de taxes.

Les Bills

Dès 1964, en allant au cinéma et écoutant les disques diffusés à Kinshasa, ils découvrent et aiment les Shadows, les Beatles, les Rolling Stones, BB King, Otis Redding, Sam & Dave, James Brown... sans oublier évidemment les variantes comme le jerk et le jazz. Ils signent un contrat dans les circuits hippiques (le cowboy et le far-West est ancré dans la culture congolaise, lire pour cela l’histoire des Bills – N.D.A.), rameutant leur début de fans. Ils ne jouent au Cercle que les soirées, après les concours hippiques, étant restés étudiants, sans devenir professionnels. Pendant ces années 64-68, ils donnent de très nombreux concerts, avec le look approprié. Cités dans le livre de M. Tchebwa : « les années 68-69 marquent en fait l’apogée du jerk, du twist et du rock and roll. Leur succès planétaire a trouvé également des adeptes à Kinshasa. Les répliques locales de ces groupes pop, première manifestation  concrète de cette forme d’acculturation, sont les Iss Boys, les Black Devils, les Mustangs... Ils empruntent tout à leur modèle. le look : pantalon à bout carré ou patte d’éléphant collant au niveau des cuisses, chemises cintrées, souliers jerk, chevelure « peigne chaud ». Le chant –en anglais ou en français – dérape dans un orage vocal qui colle parfaitement au tempo rock et se met au service d’une gestuelle spectaculaire ».

Ils commencent vraiment d’une manière régulière à jouer tous les samedis soirs au Club de la Funa. Les autres lieux où ils se produisent sont la Devinière les samedis soirs, la Perruche Bleue parfois (« on était libre, on y jouait toute la nuit de la Saint Sylvestre car l’orchestre attitré était à chaque fois invité ailleurs » dixit Hubert), l’Afro Mogambo (le temple du jazz) tous les dimanches en matinée pour les jeunes , l’Habanera... et d’excellents spectacles sont donnés dans la salle de promotion de l’université.
Ils se produisent à la soirée de Miss Europe, l’évènement étant  délocalisé  cette fois-ci en Afrique pour cause de mai 1968 en France. Le concours se tient le 23 septembre, au terme duquel miss Finlande l’emportera. Le groupe joue au grand restaurant de la cité de l’O.U.A. (Organisation de l’Unité Africaine), qui du coup les engage pour plusieurs soirées. En 1968, ils font les premières parties de Françoise Hardy début juin (présente pour 3 soirs, ce seront ses dernières prestations sur scène pour  Hardy) au Ciné Albertum, futur Ciné Palladium, et de Claude François et ses clodettes en septembre au même endroit. Claude François  jouera également au stade Tata Raphaël, comme Johnny Hallyday venu la même année en mai. Les Yss Boys jouèrent pas mal de fois sur les plateaux de  télévision, et furent filmés en concert pour des reportages. Rien n’a été retrouvé à ce jour, et le fait que certains studios aient brûlés avec toutes les bandes, ou bien que les documents restants sont en très mauvais état ne rendent pas optimiste sur les chances de retrouver quoique ce soit de témoignages à cette époque.

Ci-dessous, Claude François et les Clodettes / Défilé à l'occasion de Miss Europe

Pour les différentes formations suivant les années, de 1963 à 1974, plusieurs musiciens y firent leurs premiers pas. Le premier batteur fut Jørgen Raft (dit Pico) rencontré à l’Athénée et de nationalité danoise qui céda sa place au portugais Carlos Correia en 1964, et c’est Bony qui prit durablement les baguettes avec le chant. Pascal Kongo se chargea de  l’orgue au début, puis Hubert le guitariste attitré s’occupera des 2 instruments, avant d’intégrer définitivement Ray Lema vers 1971 (même si celui-ci a déjà joué avec le trio de nombreuses fois avant), Hubert et Ray changeant tous les deux de poste régulièrement. Ils accompagneront aussi un ami, Luigi Sanges à la voix d’Elvis Presley et Tom Jones. Jean-Claude Davier (Claudy) restera tout le temps comme bassiste du groupe sauf juste à la fin où Jean-Michel Biringanine le remplacera. Le groupe continue à faire beaucoup de scène jusqu’à sa séparation vers 1974, allant par exemple deux fois par avion à Goma au Kivu.

Les deux 45tours simple sortis uniquement en France chez Philips (probablement fin 1968) ici présents sur le EP sont devenus rarissimes. « A Funny Story » figure sur une compilation Philips « Dansez avec N°1... ». Enregistrés aux studios Philips aménagés dans un magasin d’électroménager concessionnaire de cette marque à Kinshasa. C’est aussi dans cette boutique qu’Hubert acheta son orgue portatif Philips que l’on voit sur la pochette..

L'orgue portatif Philips / Sur scène, probablement les Punaises


Et il existe deux autres 45 tours antérieurs, enregistrés en 1966 et paru sur le micro label Eurosound, avec des reprises de « Qu’Est-Ce Qui Ne Tourne Pas Rond Chez Moi ? » d’Antoine qui devient là  « Qu’Est-Ce Qui Ne Tourne Pas Ronde», sorti sur le premier LP de Antoine en janvier 1966,  « When The Man Loves A Woman » de Percy Sledge, « Hully Gully » des Olympics, et un titre original « Indicatif ». Ces deux 45 tours sont vendus dans le milieu local sous le nom des Iss Boys, avec comme pochette pour les 2 une simple feuille papier glacé 80 grammes et un montage photo des 4 membres de cette époque. . Tous ces titres ont été enregistrés aux studios Ecodis (ensuite devenu Mazadis) grâce à un grec qui les a repérés sur scène. Un autre titre enregistré existe, la reprise de « Black Is Black » de Los Bravos. A voir les deux références Eu.1 et Eu.3, on peut facilement imaginer l’existence d’un Eu.2 ? Est-ce la reprise de Los Bravos avec un autre titre ou bien un autre groupe ?...

Hubert termina ses études musicales de guitare classique à l’Institut National Des Arts (I.N.A., ex-Conservatoire de Musique et d’Art Dramatique), sur les conseils de son beau-frère belge, chanteur d’opéra. Il est embauché au Théâtre National et s’occupe du département musique. Hubert nous a quitté fin juin 2022. Packy devint professeur de piano à l’Institut National Des Arts. Claudy est décédé à Caracas au Venezuela, Bony et Packy sont décédés également.

Versos

     

Je tiens à remercier Alain Chapeauneuf, Mauro Bozzi, Alkis Giamalis, Clément Ossinondé, Jean Depara... et Hubert Thienza.
Florent Mazzoleni , L’épopée de la Musique Africaine , éditions Hors Collection, 2013.
Manda Tchebwa, Terre de la chanson : la musique zaïroise hier et aujourd’hui ,De Boeck Supérieur, 1996.
Le site http://www.mbokamosika.com

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